
Young people during Senegal's protests on June 2, 2023. Screenshot from France 24's YouTube channel.
In recent months, Senegal's political system, which often serves as an example of democracy for other countries in the Economic Community of West African States (ECOWAS), has been experiencing yet another socio-political crisis since gaining its independence from France in 1960.
This crisis primarily stems from the confusion surrounding Macky Sall's decision whether or not to stand for a third term in the 2024 presidential elections. Sall has been president of Senegal since April 2, 2012.
Eager for change at the head of state, a large proportion of the population, composed mainly of young people (76 percent of Senegalese citizens are under 35), oppose Sall, thus putting all their confidence in opposition candidate, Ousmane Sonko.
To better understand the political situation, what's at stake in the upcoming elections, and young people's involvement, Global Voices interviewed political analyst and founder and executive director of the Citizen Think Tank of West Africa (WATHI), Gilles Yabi, who also served as West Africa Project Director for the International Crisis Group.
Jean Sovon (JS): What is your take on the current political situation in Senegal?
Gilles Yabi (GY) : Je pense que la situation politique au Sénégal s’est détendue après l’annonce du président Macky Sall de son intention de ne pas se présenter pour les prochaines élections de 2024. Cette incertitude était un des facteurs importants de tension dans le pays. Mais l’avenir politique d’Ousmane Sonko, candidat déclaré à la prochaine élection, reste aussi incertain: certes il n’a pas été arrêté mais il est en résidence surveillée depuis plusieurs semaines. La question de sa candidature est toujours posée. Maintenant l’attention se porte sur les conditions d’organisation de ces élections et sur les candidatures qui pourraient être retenues.
Gilles Yabi (GY): I believe the political situation in Senegal eased after President Macky Sall announced his intention to not run for the upcoming elections. This uncertainty was one of the driving forces behind the tension in the country. However, the political future of Ousmane Sonko, a declared candidate in the upcoming elections, is also uncertain. Although he hasn't been detained, he has been under house arrest for several weeks. The question of his candidacy remains unresolved. The focus is now on the organization of these elections and the candidates who could be selected.
JS: Does Macky Sall's withdrawal offer Sonko a fast track to the presidency?
GY : Non, car des procédures judiciaires sont contre Ousmane Sonko dans une affaire d’accusation de viol et de menaces de mort mais aussi dans une affaire de diffamation. Dans ces deux cas, on n’est pas au bout du processus judiciaire.
GY: No, because not only are there legal proceedings against Ousmane Sonko in a case involving accusations of rape and death threats, but also in a libel case. The legal proceedings are ongoing in both cases.
JS : Apart from Sonko, who are the other candidates in contention?
GY : Il y a une floraison de candidatures: vingt personnalités se sont déclarées candidates mais on s’attend à ce que le nombre qui sera retenu par le conseil constitutionnel soit beaucoup moins élevé que le nombre de candidatures déclarées.
Parmi les candidats les plus prometteurs, il y a Idrissa Seck qui est arrivé deuxième à la dernière élection et qu’on peut considérer comme un opposant même s'il est issu de la collaboration avec le pouvoir en place. On note aussi Khalifa Sall qui peut être une figure consensuelle et représenter une forme d’opposition modérée. Le parti d’Ousmane Sonko peut également proposer un candidat alternatif au cas où ce dernier ne pourrait pas se présenter. Mais il est trop tôt pour savoir qui pourra vraiment incarner l’opposition en l’absence d’une clarification du sort d’Ousmane Sonko.
GY: The candidates are in abundance. Twenty individuals have declared their candidacy, but the number selected by the Constitutional Court is expected to be much lower than the number declared.
Among the most promising candidates is Idrissa Seck, who came second in the last elections. Despite his collaboration with the current government, he may also be considered an opponent. There is also Khalifa Sall [unrelated to Macky Sall] who could be a consensual figure, representing the moderate opposition. What's more, Ousmane Sonko's party could nominate another candidate should he no longer be able to stand for election. However, while awaiting clarity on Sonko's fate, it's too early to know who will be able to establish an effective opposition.
JS: Is young people's mobilization during elections similar to that during the country's recent protests?
GY : Il y a un niveau d'engagement relativement important qui est aussi lié à l’histoire politique du pays. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu une crise lorsque le président Abdoulaye Wade a voulu solliciter un troisième mandat en 2012. Il a pu participer à l’élection mais il a été battu. A ce moment-là il y avait aussi eu une mobilisation des mouvements citoyens comme Y’en a marre qui avait réussi à recruter beaucoup de jeunes dans la lutte contre le troisième mandat d’Abdoulaye Wade.
La mobilisation électorale des jeunes a donc joué un rôle dans la défaite d’Abdoulaye Wade, et donc le retrait du président Macky Sall donne le sentiment qu’on peut avoir un processus qui soit libre et ouvert où les jeunes vont se mobiliser. Enfin on parle des jeunes mais on a beaucoup d’enfants et de mineurs qui se mobilisent dans les manifestations mais une partie de cette jeunesse n’a même pas l’âge de voter et parmi ceux qui ont l’âge de voter, une partie n'ira pas chercher ses cartes électorales etn’est pas inscrite sur les listes électorales.
GY: There is a relatively high level of involvement, which is also associated with the country's political history. We must remember there was also a crisis when President Abdoulaye Wade decided to stand for a third term in 2012. He did participate in the elections, but was defeated. At that time, there were also citizen movements, like Y’en a Marre [Fed Up], which successfully mobilized a considerable number of young people to prevent Abdoulaye Wade's third term.
The electoral mobilization of young people thereby played its part in Abdoulaye Wade's defeat. Macky Sall's withdrawal also shows there can be a free and open process in which young people can get involved. We talk about young people here, but there's actually a lot of children and minors taking part in these protests. However, many of these young people aren't even old enough to vote. Many of those who are old enough, are not registered to do so and don't pick up their voting cards.
JS: How can young people help make Senegal an example of democracy in the sub-region?
GY : On ne clarifie pas toujours de quelle tranche d’âge on parle. Mais ce qui est clair, c’est que les jeunes sont majoritaires dans les pays africains et forcément, ils jouent un rôle très important sur le plan politique. Pas seulement au moment des élections mais en termes de manifestation, de participation.
Le rôle que les jeunes jouent au Sénégal est d’abord celui de veille. Ils demandent une certaine rupture par rapport à des pratiques politiques, économiques et au type de gouvernance dans le pays. Il y a de vrais enjeux et les victimes les plus importantes sont les jeunes qui ont donc la légitimité pour alimenter les débats et orienter les pré-campagnes et campagnes sur ces questions.
Mais n'oublions pas ce qui reste déterminant: les décisions qui sont prises par les acteurs politiques au plus haut niveau et qui ont la latitude de réellement créer les conditions pour qu’il y ait de vraies campagnes et de vraies élections articulées autour des idées.
GY: It's not always clear which age group we're talking about. However, one thing that is clear is that young people account for most of the population in African countries. They thereby play a very important political role. Not only at election time, but also in terms of protests and participation.
Senegalese young people primarily play a watchdog role in society. They call for some changes in the country's political and economic practices, as well as in its style of leadership. There are some real issues and young people are the primary victims. They, therefore, have the right to contribute to discussions and provide pre-campaign and campaign guidance on these issues.
However, let's not forget that decisions made by political actors at the highest level, who can create the conditions required for genuine idea-based campaigns and elections, ultimately remain the determining factor.
JS: What are the key social and economic issues in this election?
GY : Comme toutes les élections dans des pays à régime présidentiel, c’est un rendez-vous important parce que le changement à la tête de l’État peut influencer les orientations politiques, économiques et sociales. Aujourd’hui, le Sénégal est dans une situation particulière avec un développement visible et incontestable des infrastructures physiques. Il y a eu des progrès importants dans beaucoup de domaines mais en même temps, on voit bien que cela ne suffit pas à faire reculer le chômage des jeunes.
Un autre élément clef est que le Sénégal devient un pays producteur de pétrole et de gaz et cela suscite beaucoup de passion et d’espoir de la part de beaucoup d’acteurs et de la population. C'est un des enjeux importants pour cette élection parce que la production attendue va commencer en 2024 et donc le futur président est celui qui sera là au moment où l'économie du pays recevra une sortie de stimulation par la production des hydrocarbures.
GY: Like all elections in countries with a presidential system, this is an important event. A change in leadership can influence political, economic and social policies. Today, Senegal is in a unique position with undeniably visible developments in physical infrastructure. There has been significant progress in many areas, but it's clear that this won't be enough to reduce youth unemployment.
Another key factor is that Senegal is becoming an oil and gas producing country, thus raising much passion and hope among many stakeholders and the population alike. As this production is expected to begin in 2024, this is one of the key issues in this election. The incoming president is therefore the one who will be there when the country's economy is boosted by this hydrocarbon production.
JS: How are the campaigns taking place?
GY : Aujourd’hui une partie des campagnes se passe en ligne mais cela ne remplace pas les campagnes traditionnelles parce que même dans les pays qui ont un niveau de connexion assez élevé, seule une minorité de la population a vraiment les moyens de se connecter et de participer à des débats en ligne. Donc une partie se passe en ligne notamment pour atteindre les jeunes qui sont les plus connectés, mais aussi pour que la diaspora participe à l’élection. Il y aura une campagne électorale sur le terrain avec des meetings, un travail de porte à porte de certains candidats. Il y a aussi des parrainages citoyens que les candidats reçoivent auprès des électeurs. Maintenant, il s'agit des parrainages par des élus. C'est en fait une sorte de début de campagne dès cette étape parce que ça oblige les candidats à aller chercher du soutien politique directement auprès des citoyens, des maires ou des députés. Il y aura une campagne sur le terrain et on sait très bien que ces campagnes dépendent beaucoup plus des moyens financiers dont disposent les différents candidats.
GY: Although some campaigns are now taking place online, this doesn't replace traditional campaigns. Even in countries with relatively high levels of connection, only a minority of the population actually has the means to get connected and participate in online discussions. Some are thereby not only taking place online to reach young people, who are the most connected, but to also facilitate the diaspora's participation in this election. There will be a local election campaign with meetings and door-to-door canvassing by certain candidates. Candidates also receive citizen sponsorships from voters. Now, this includes sponsorships by elected representatives. This is a way of launching their campaign at this stage, which ultimately requires candidates to seek political support directly from citizens, mayors and elected representatives. There will be a local campaign and we are well aware that these campaigns largely depend on the financial resources available to the various candidates.
JS: Who are the foreign actors in this election: France, China, Russia, the United States? How do they operate?
GY : Beaucoup d’acteurs étrangers seront intéressés par les prochaines élections au Sénégal. Le pays a un positionnement géographique important pour observer le reste de l’Afrique. C’est aussi un point d'ancrage pour la partie francophone de la sous-région. Tous ces acteurs vont observer l’élection et le facteur économique que je soulignais qui est dû au pétrole et au gaz, est aussi important pour les acteurs étrangers, les acteurs publics, les États mais aussi les acteurs privés.
GY: Many foreign actors will be interested in Senegal's upcoming elections. The country is an important geographical position to observe the rest of Africa. This is also an anchor point for the French-speaking part of the sub-region. All these actors will be observing this election. The oil and gas economic factor I highlighted is not only important for foreign, public and private actors, but also for governments.
JS: What is your conclusion?
GY : Le Sénégal doit continuer à construire des institutions politiques qui soient démocratique et efficaces. Ces deux éléments sont importants. On a besoin d’un État qui ait à sa tête des personnalités qui soient acceptées comme légitimes par les populations et qui soient capables de continuer à consolider les institutions. C’est le défi le plus important pour le Sénégal et en particulier à un moment où il y a beaucoup d’attentes, parfois certes démesurées par rapport aux ressources, qui dans beaucoup d'endroits n’ont pas nécessairement changé la trajectoire économique du pays positivement.
GY: Senegal must continue building political institutions that are both effective and democratic. These two factors are essential. We need a government led by figures who are considered legitimate by the people and who can further strengthen these institutions. This is Senegals's biggest challenge, especially at a time where there are many expectations. These are often disproportionate to resources and haven't necessarily changed the country's economic trajectory for the better in many locations.
Following the publication of this article, Ousmane Sonko was formally charged and detained on Friday, July 28, 2023.